Avec l’annulation de nombreuses compétitions, 2020 semble être l’année des défis !
C’est d’ailleurs le record du GR10 qui vient de tomber, avec la performance de l’ultra-traileur nantais, Erik Clavery.
Parti le 5 juillet dernier de Banyuls-sur-Mer, Erik Clavery a parcouru 868km et 55 000 mètres de dénivelé positif en moins de 10 jours.
9 jours, 9h et 30 minutes pour être exact ! Un sacré exploit sur un parcours exigeant et montagneux, qui lui a permis de rallier la côte méditerranéenne à la côte atlantique, accompagné de sa team assistance !
Erik nous accorde une interview exclusive afin de revenir sur cet exploit.
Comment te sens-tu, une semaine après ce périple fou ?
« Cela fait une semaine que je suis arrivé jour pour jour. J’avoue avoir très bien récupéré physiquement maintenant.
Les seules séquelles que je ressens sont celles dues aux traumatismes subis lors de ma traversée.
Aussi une foulure faite lors de la première journée a dégénéré au fil des longues journées de course en entorse sur la fin de parcours et a induit une petite tendinite en bas du releveur tibial droit.
Mais la douleur et maintenant presque résorbée.
Lors de la 7ème journée, une lourde chute lors de la seule averse que j’ai eu sur l’ensemble de la traversée m’a sur le coup beaucoup inquiété car ma tête a violemment heurté le sol, mais ce n’était qu’un leurre car c’est la hanche qui m’a fait souffrir sur les deux derniers jours.
Je la sens encore maintenant mais a priori il n’y a pas de grosses lésions.
Les 3/4 premières nuits après mon arrivée ont été très mouvementée, mais après une semaine je dors bien mieux et même si je ressens une forte fatigue générale, je vais bien mieux et ça évolue maintenant vers du positif.
Comment t’es venue cette idée de défi et pourquoi ce parcours ?
Ce défi, cette aventure à travers les Pyrénées est venue d’un souhait de marquer mes 40 ans de manière originale et de vivre une nouvelle expérience.
J’ai toujours eu la volonté de vivre une aventure unique et sur plusieurs jours, aussi une aventure autour de ma passion qu’est le running est venue naturellement.
Pour les Pyrénées, c’est une longue histoire qui a débuté lorsque j’étais tout petit. Je venais alors tous les étés avec mes parents randonner ici et ce sont des moments qui m’ont marqué.
Souhaitant vivre une aventure qui ne soit ni trop courte ni trop longue, ce tracé de 900km à travers cette chaîne de montagne, que j’ai estimé à une dizaine de jours, ce prêtait parfaitement bien à ce que je souhaitais.
Une aventure qui me permette d’allier performance physique, mentale, organisationnelle et capacités d’adaptations.
Un peu de 9 jours de course … comment on s’organise au niveau sommeil pour gérer la fatigue ? Combien d’heures as-tu dormi ?
C’est une grande partie de l’organisation et de la préparation que j’ai dû faire en amont qui a été basée sur le sommeil.
Après de nombreux échanges avec sportifs de différents horizons, chercheurs et de mes connaissances personnelles en la matière, je suis parti sur une organisation de nuit « complète » avec 2 phases de sommeil complètes afin de me régénérer physiquement.
Je suis donc parti sur des nuits de 3h30 à 4h. J’agrémentais ces nuits par une sieste de 25′ durant la journée.
Il s’est avéré que le protocole a été payant car je n’ai jamais souffert du sommeil durant toute la traversée.
Au niveau organisationnel et afin d’optimiser le repos, ma volonté était de dormir en vallée, soit à la plus faible altitude possible, et ainsi de bénéficier des soins et du confort du camping car.
Il a donc fallu organiser les étapes en fonction de cette contrainte supplémentaire.
Un moment fort de ta traversée que tu veux bien partager avec nous ?
Les levés et couchés de soleil sur les cols sont les moments les plus merveilleux que j’ai pu vivre en terme d’image. Ils resteront gravés.
La sensation d’être allé cueillir tout là haut à la sueur de mon front ces moments magiques a décuplé le bonheur de les vivre et de les apprécier.
Le moment le plus difficile pour toi pendant cette tentative de record ?
Le moment le plus difficile a, sans aucun doute, été les moments de réveil.
Cet instant où il faut sortir des ses 4h de sommeil …. c’est horrible !
Sortir du lit après une si courte nuit est un supplice. L’appel de l’oreiller est si fort … et le besoin de rallonger la nuit est si intense que se forcer à se lever en devient l’instant éphémère le plus difficile !
Éphémère, car après 5′ de course, tout est effacé et me revoilà à nouveau dans le vif du sujet, bien éveillé et prêt à grimper à nouveau.
Au niveau alimentation : faisais-tu des vrais repas à heure régulière ? Avais-tu une gestion déjà bien planifiée à l’avance ?
Mes repas étaient réguliers et copieux, ce qui m’a permis de reprendre des forces très régulièrement et de mieux récupérer. Pour preuve, mon poids était stable durant toute la traversée.
Mon assistance, avec le camping car, a été présente dans presque toutes les vallées. Je profitais de chacune de ces retrouvailles pour manger un vrai repas.
Entre les vallées, je complétais avec des bananes et de la nutrition sportive Meltonic, principalement gels et barres.
Les gels Meltonic « coup de frais » étaient pour cette traversée d’un grand plaisir au vu de la chaleur rencontrée.
Tu avais une assistance tout le long de ta traversée : quel était son rôle et quelle était la fréquence de vos échanges ?
J’étais soutenu par un staff que j’ai construit durant les 10 mois de préparation en fonction de mes potentiels besoins.
Une Kiné, Marion, m’a accompagné tout au long de l’aventure. Elle m’a prodigué des soins au départ et à l’arrivée de chacune des étapes, mais également lors de nos rencontre en cours de journée dans les vallées.
Elle a également pris à sa charge de nombreuses autres tâches, telles que le changement de mes ravitaillements de mon sac d’hydratation, la gestion du temps sur mes points d’arrêts… Et la gestion de mes deux grands enfants !
Ma femme, Céline, s’occupaiet de ma nourriture ainsi que du rechargement des mes appareils électroniques, batteries, du confort général et de la conduite du camping car.
En complément, quatre autres personnes, mes parents, olive et Éric, étaient présentent en « électrons libres » pour pallier au besoin divers, notamment lorsque Marion et Céline n’avaient pas d’accès.
Pour compléter ce noyau dur, Honoré et Hélène, Running Yogis, m’ont accompagné du début à la fin sur de nombreuses sections du parcours.
Outre staff rapproché, de nombreux Pacers m’ont rejoint tout au long du parcours et ont été d’une aide précieuse en terme de motivation et de maintien du rythme.
Avais-tu en tête un objectif précis et es-tu satisfait de ton résultat au final ?
Des le départ, mon objectif était personnel. Je n’ai jamais eu en tête le record détenu par Thierry Corbarieu de 12 jours et 10 heures.
Comme je le fais habituellement, j’ai déterminé mon objectif en fonction de mes compétences, des moyens techniques mis en place, et de ce que je pense valoir.
Effectivement cela a surpris beaucoup de monde quand j’ai annoncé une dizaine de jours, mais je reste convaincu que si je m’étais fixé sur les 12 jours du record, je me serais contenté d’un rythme moins soutenu et j’aurais finalement fait une moins bonne performance.
J’étais donc parti sur une dizaine de jours, j’ai terminé en 9 jours et 9 heures, je suis pleinement satisfait du résultat.
Et j’espère que mon exemple permettra à de nombreuses personnes d’essayer de donner le meilleurs d’eux même et non plus de faire en fonction des autres et de se comparer toujours aux autres.
Cela t’a t-il donné des idées de futurs projets/ courses par la suite ?
Je vais récupérer de ce grand défi, mais j’ai effectivement de nombreux rêves qui me trottent dans la tête, en France et à travers le monde.
Dans un premier temps l’organisation d’une course par étapes sur 8 jours en itinérance entre Courchevel et la méditerranée que je travaille depuis 5 ans et qui devrait voir le jour en septembre 2021.
Ensuite, des projets de « Trail running adventure » un peu partout, en Europe, en Amérique du Nord et du Sud, bref, encore beaucoup de choses à vivre !
Merci Erik et bonne suite de récupération avant de repartir sur de nouvelles aventures !
