L’athlétisme n’a pas fini de nous révéler ses plus sombres affaires … Une lettre écrite il y a 21 ans vient d’être révélée : elle comporte les aveux de dopage de Wang Junxia, recordwoman du monde du 3000m (8’06″11) et du 10 000m (29’31″79) en septembre 1993.
Cette lettre est signée par 9 autres athlètes chinoises de l’époque.
Elles faisaient partie du groupe d’entraînement de Ma Junren (surnommée » l’armée de Ma « ). Ce document avait été transmis au journaliste Zhao Yu. Elle nécessite une vérification de l’IAAF. Jamais un contrôle n’avait pu déceler la tricherie. Ma Junren justifiait à l’époque un entraînement forcené dans les montagnes tibétaines, avec consommation de sang de tortue et de carapaces molles. Les records de l’époque avaient été soudains et stupéfiants et personne n’était dupe depuis ces années. 66 records nationaux et mondiaux avaient été réalisés uniquement sur l’année 1993 !
Wang, aujourd’hui 43 ans, qui avoue avoir été forcée à absorber des quantités énormes de produits dopants, avait été introduite en 2012 au Hall of Fame de l’IAAF. Après avoir été championne du monde junior du 10 000m, elle avait fait un grand bond dans la catégorie sénior avec un chrono de 30’49″30 à Stuttgart pour son titre de championne du monde. Elle avait déclaré avoir été malade avant la course… Puis elle avait explosé cette marque aux championnats nationaux à Pékin en réalisant ses 29’31″79, puis 8’06″11 sur le 3000m 5 jours plus tard.
Le groupe d’athlètes comprend aussi Qu Yunxia, l’ex-recordwoman du monde du 1500m (3’50″46), temps effacé par les 3’50″07 de Genzebe Dibaba. » Nous sommes désolés et nous sentons coupables de révéler ses actes (de Ma). Nous sommes aussi inquiets de nuire à la renommée de notre pays et de réduire la valeur de nos médailles d’or pour lesquelles nous avons fourni beaucoup de travail afin de les obtenir « . La lettre est écrite en mandarin mais rapportée en anglais par le South China Morning.
Ma était resté entraîneur jusqu’en 2000 aux JO de Sydney, où 6 de ses 27 athlètes avaient été suspendus avant l’événement pour avoir échoué aux tests anti-dopage. Il avait admis avoir brutalisé les athlètes et s’être adjugé les bonus qui leur étaient destinés. Pour l’instant, on ne sait pas encore pourquoi la lettre n’est pas sortie plus tôt. L’IAAF se penche sur le sujet et se voit chargé à nouveau d’une affaire assez lourde, qui donnera du grain à moudre quant à ceux qui veulent voir tous les records du monde remis à zéro.
Mathieu BERTOS
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