La consommation d’alcool est un phénomène largement répandu dans le monde et fait partie intégrante de la culture de notre société.
Et quand il s’agit de lever le coude, les sportifs sont loin d’être les derniers !
Tenez-vous bien, une étude de 1996 (1) reportait déjà que les coureurs masculins consommaient environ 14 verres par semaine contre un peu plus de 5 verres pour la population générale.
De nos jours, l’alcool est même devenu un argument de vente pour certaines courses dont le marathon du Médoc a été un des précurseurs. En effet, quasiment chaque région viticole peut se vanter aujourd’hui d’avoir son marathon ou sa course locale : marathons du Beaujolais, des vins de Blaye, du vignoble d’alsace, des grands crus à Dijon, des vins de la côte chalonnaise, semi-marathon de la vente des vins de Beaune, trail de Sancerre,…
Phénomène plus récent, les « beer run » ou course à la bière connaissent également un fort succès à l’image du « Beer Lovers’ Marathon », un marathon dans les rues de Liège qui propose pas moins de 16 dégustations de bières belges en plus des ravitaillements classiques en eau et aliments énergétiques.
Les méfaits de l’alcool
Et pourtant, les effets néfastes de l’alcool ont été largement établis sur la physiologie humaine et plus précisément sur la fonction neurale, le métabolisme, la physiologie cardiovasculaire, la thermorégulation et la myopathie des muscles squelettiques (2). Par conséquence, la consommation d’alcool a un impact négatif sur les performances physiques et la récupération.
Si la force semble peu affectée (3), l’endurance est quant à elle beaucoup plus impactée avec notamment une diminution de la consommation d’oxygène et de l’oxydation du glucose ainsi qu’une augmentation de la fréquence cardiaque et de l’effort perçu (4).
Par exemple, lors d’un test d’effort sous-maximal sur tapis roulant, les coureurs ont atteint plus rapidement 130 bpm (battements par minute) après avoir consommé de l’alcool par rapport à des conditions d’abstinence (5). La consommation d’alcool engendre également une augmentation de la concentration de lactates sanguins pour une même allure (6). Il n’est donc pas étonnant de constater que la consommation d’alcool n’améliore pas les performances en course à pied ; bien au contraire (7).
Plus important encore, l’impact négatif de l’alcool sur la récupération. En effet, sa consommation peut altérer négativement la fonction immunoendocrinienne, la circulation sanguine, la synthèse des protéines, la resynthèse du glycogène et la réhydratation (8) amplifiant ainsi les pertes normalement observées de force dynamique et statique (9) et ralentissant les processus de récupération déjà largement malmenés par la perturbation du sommeil (10).
Dernier point non négligeable, l’alcool, ou plus précisément l’éthanol contenu dans les boissons alcoolisées, apporte beaucoup de calories : 7 kcal par gramme, soit quasiment deux fois plus que les sucres (4 kcal/g) et un peu moins que les graisses (9 kcal/g).
Pour vous donne une idée précise, 1 verre de vin de 15 cl, c’est environ 100 kcal rajoutées à vos apports énergétiques. Et si seulement 5% des calories apportées par l’alcool sont stockés (11), ceux sont les glucides et les graisses qui vont l’être plus facilement sous forme de graisses.
En effet, la consommation d’alcool diminue de 3/4 l’oxydation des graisses et bloque l’utilisation des glucides comme énergie car l’organisme met l’élimination de l’éthanol en tête de ses priorités (12,13).
Par Jérôme Sordello
Références :
1-Gutgesell, Timmerman, Keller. Reported alcohol use and behavior in long-distance runners. Med Sci Sports Exerc. 1996
2-Vella, Cameron-Smith. Alcohol, athletic performance and recovery. Nutrients. 2010
3-Shirreffs, Maughan. The effect of alcohol on athletic performance. Curr Sports Med Rep. 2006
4-Lecoultre, Schutz. Effect of a small dose of alcohol on the endurance performance of trained cyclists. Alcohol Alcohol. 2009
5-Braun, Wagenaar, Flack. Alcohol consumption and physical fitness among young adults. Alcohol Clin Exp Res. 1995
6-Teixeira-Coelho, Santos, Santos, Sousa, Moreira, Souza, Wanner. Ingestion of a moderate dose of alcohol enhances physical exercise-induced changes in blood lactate concentration. Braz J Med Biol Res. 2020
7-McNaughton, Preece. Alcohol and its effects on sprint and middle distance running. Br J Sports Med. 1986
Barnes. Alcohol: impact on sports performance and recovery in male athletes. Sports Med. 2014
8-Barnes, Mündel, Stannard. Acute alcohol consumption aggravates the decline in muscle performance following strenuous eccentric exercise. J Sci Med Sport. 2010
9-Prentice, Stannard, Barnes. Effects of heavy episodic drinking on physical performance in club level rugby union players. J Sci Med Sport. 2015
10-Siler, Neese, Hellerstein. De novo lipogenesis, lipid kinetics, and whole-body lipid balances in humans after acute alcohol consumption. Am J Clin Nutr. 1999
11-Shelmet, Reichard, Skutches, Hoeldtke, Owen, Boden. Ethanol causes acute inhibition of carbohydrate, fat, and protein oxidation and insulin resistance. J Clin Invest. 1988
12-Siler, Neese, Hellerstein. De novo lipogenesis, lipid kinetics, and whole-body lipid balances in humans after acute alcohol consumption. Am J Clin Nutr. 1999
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