Même si les moeurs d’aujourd’hui font avancer les choses petit à petit, il reste tout de même quelques éléments qui coincent dans la tête de certains coureurs.
Ce sujet des filles qui courent plus vite que les garçons pourraient sembler banal aujourd’hui, mais l’Equipe l’a soulevé à nouveau.
Et vu les témoignages et les réactions des gens qui ont suivi, visiblement, on reste outré de voir que certains mâles ne se font pas à l’idée qu’une femme peut terminer devant eux.
L’article de l’Equipe ( https://www.lequipe.fr/Respire/Pratique-sportive/Actualites/-je-suis-arrivee-deux-heures-avant-lui-a-l-utmb-il-ne-m-a-pas-parle-pendant-une-semaine-ces-filles-qui-courent-plus-vite-que-leur-mec/1583057) fait même un zoom sur le sujet à l’intérieur d’un couple.
Jalousie ? Position de « mâle » remise en question ? La phrase suivante a fait beaucoup réagir : « Je suis arrivée deux heures avant lui à l’UTMB, il ne m’a pas parlé pendant une semaine »
Qu’est-ce qui pose soucis aux hommes ?
Les qualités d’une femme ne se résument pas qu’à une force de caractère ou des épaules suffisamment larges pour soutenir le poids de l’équilibre familial. Des capacités physiques plus importantes ou une gestion bien menée peuvent les amener à produire des performances importantes.
L’homme, battu par sa conjointe, peut, peut-être, se sentir inférieur malgré des capacités plus importantes que lui aurait donné la nature. Son rôle de leader sur ce plan là semble remettre en question même sa masculinité.
Pourquoi une telle réaction ? C’est sans doute due à une éducation mal menée sur ce plan-là et à une culture qui place l’homme au dessus de la femme. Des présupposés biaisés sur le plan culturel, ainsi qu’une méconnaissance sur la pratique et sur la performance. Du coup, sur le plan psychologique, il y a une rétrogradation qui bouscule l’égo.
C’est bien sur le plan psychologique qu’il faut chercher ! Un soucis d’ordre affectif pose, sans doute, les bases du problème.
La performance n’a pas de sexe
Oui, la nature n’a pas doté les hommes et les femmes des mêmes capacités physiques. Statistiquement, les hommes ont de meilleurs résultats, et on sait que les capacités musculaires et aérobies sont plus importantes chez eux. Rien d’anormal à ça. Cela dit, attention aux statistiques qui portent le poids de l’histoire de l’Homme (avec un grand H). Les femmes connaissent la pratique sportive depuis moins longtemps que les hommes…
Malgré tout, si on arrête de classer l’homme et la femme dans leur statut, de façon purement sportive, un athlète qui termine devant un autre, qu’est ce qui pose problème là-dedans ? Factuellement, le plus rapide est devant. Quand on dit « rapide », cela a pu être grâce à des capacités physiques plus importantes ou mieux entraînées, une meilleure gestion de course, ou une attitude mentale qui a permis de pousser plus loin les limites physiques.
La performance, dans toutes ses dimensions, n’a pas de sexe !
Se remettre en question et évoluer
Si des coureurs se sentent diminués ou vexés qu’une femme leur passe devant, c’est qu’ils viennent de détecter un problème d’égo qu’il est bon d’aller soigner. Se remettre en question en identifiant ce qui pose problème est un premier pas. Si l’imprégnation de la culture et de l’éducation ont été trop fortes, alors il y a du travail pour renverser tout ça… Mais ce n’est pas impossible !
Rappelez-vous que le sport n’est que du mérite : celui qui est devant et plus fort, a mieux couru, et donc cela n’a rien à voir avec le sexe et ne remet pas en cause la valeur d’une personne.
Quand les hommes se font battre sportivement sur les courses par leurs conjointes, ils devraient être fiers, plutôt. Elle peut même servir d’exemple à prendre en considération.
Il faut partager plutôt que d’inventer ce qui nous oppose. Mais si ça pose soucis, c’est un vrai travail d’aller vers une évolution plus apaisante.
M.BERTOS / Photo : Objectif 64
Laisser un commentaire