Yohann Diniz a véritablement réalisé un exploit sportif ce 15 août à Zurich : il est pour la 3è fois d’affilée vainqueur des championnats d’Europe sur le 50 km marche, et il établit cette fois ci le Record du Monde par la même occasion !
Yohann Diniz n’a peur de personne. Ni de ses adversaires, ni de la météo, ni de la distance… Pourtant il devrait se méfier des juges qui l’ont contrarié par le passé, le sanctionnant pour une marche irrégulière. Alors que la technique est plus en « souplesse », Yohann a une marche très « active » avec un pied très dynamique qui reste peu de temps au sol. Il fut donc plusieurs fois avertis pour « suspension ».
L’an dernier pour diverses raisons, il se sépare de son coach Pascal Chirat et collabore avec Gilles Rocca, qui fait appel à un italien pour corriger ses défauts sur le plan technique. Il apprend également une mauvaise nouvelle : son sponsor Adidas décide d’arrêter le partenariat. C’est un coup dur mais il sait qu’il n’est pas fini, et son club de Reims et ses proches sont toujours là pour lui et étudient d’autres pistes pour lui apporter soutien.
Cette année, Diniz était en forme. Champion de France (logique) du 10 000 m, il porte tout de même son record à 38’08, une marque de top niveau mondial. Sa préparation à Font-Romeu, où il a l’habitude d’aller se préparer, se passe très bien. Simplement une petite inquiétude au moyen fessier où il se ressent d’une inflammation mais n’est pas gêné. Il est très confiant sur sa forme : » Tout est possible. J’y vais relâché, détendu, mais avec l’envie de me faire plaisir en donnant le meilleur de moi-même. Si je ne commets pas d’erreur, si je parviens à bien gérer mon effort, une belle récompense sera au bout »
Le Jour J, la météo pluvieuse rappelle son 1er titre européen en 2006 à Goteborg. Deux russes prennent la course en main. Diniz se trouver derrière eux et on pense qu’il lui faudrait patienter le petit groupe qui se forme derrière lui. Mais il vise devant et reviendra plus tard sur les russes. Quand il passe devant, seul Rhyzov le suit. Il semble vouloir l’observer, prenant la mène puis se laissant décrocher. On le voit même partir seul, devancer Yohann de quelques mètres. Derrière il y a des gros écarts qui se font. On le voit aussi gesticuler, montrer son short. Il semblerait que ses blessures reviennent. Apparemment il aurait déchirer son short ! Il se passe toujours quelque chose avec lui ! On se dit qu’il devrait se contenter d’une belle médaille d’argent et de ne pas se mettre à la faute.
Mais Yohann est en forme et en a dans les jambes. On sait aussi qu’il réagit toujours fortement aux événements, ce qui se voit dans son allure. Elle augmente sensiblement. Le russe prend des cartons et est obligé de se calmer. Le français repasse devant, et file… On assiste une nouvelle fois à une de ses cavalcades ! Il est impeccablement en place. Le chrono est sur les bases du record du monde !! Puis, il prend même de l’avance, ce qui le rend de plus en plus confiant. Il est sur le point de réaliser le triplé européen et de mettre une claque au record du monde de Nyzhegorodov (2h34’14).
Les bases sont monstrueuses : plus de 14kmH, avec des passages à 4’10 au kilomètre ! Sur la fin de course, c’est joué. Il récupère un drapeau français, puis s’arrête même une dizaine de seconde pour récupérer un drapeau portuguais, pays de ses origines. Il franchit la ligne les bras levés, et laisse éclater sa joie, sa rage. Il est fier et il le peut ! Quand on lui dit « c’est dingue » il répond : » mais parce que je suis un dingue ! ». Il voulait un gros record sur route après celui du 50 000m marche sur piste, il l’a obtenu. Avec ses titres en prime, il a obtenu aussi l’admiration de tous !
Mathieu BERTOS
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