Tout d’abord, il est bon de rappeler que le mal de dos atteint 80% des adultes dont 20% seulement souffrent de réelles pathologies au niveau de la colonne vertébrale. Parmi les principales causes de douleurs lombaires, nous pouvons citer les attitudes posturales incorrectes à long terme, les mouvements du corps et exercices exécutés de manière incorrecte, la tension musculaire excessive dérivant d’un stress physique ou psychologique, un faible tonus musculaire (abdominal, lombaire et dorsal) ou encore le surpoids.
De nos jours, l’impact de la course sur le dos et plus précisément sur les disques intervertébraux (DIV) des coureurs est controversé. C’est dans le but d’y voir un peu plus clair à ce sujet qu’une méta-analyse* a cherché à examiner les études évaluant les modifications de la morphologie ou de la composition des DIV en réponse à la course à pied.
Une recherche documentaire systématique a été réalisée dans quatre bases de données majeures : PubMed, Cochrane, Embase et Web of Science. Au total, 13 études, portant sur 632 participants, ont été incluses dans l’analyse finale ; quatre études ont mesuré les modifications de l’IVD en utilisant la stature ou la hauteur de la colonne vertébrale, et les neuf autres ont mesuré les modifications de l’IVD par imagerie par résonance magnétique.
Au final, les résultats ont été les suivants :
6 études ont montré que la course à pied avait un impact négatif et aigu sur l’IVD
3 études transversales sur 5 ont montré que les paramètres de l’IVD étaient meilleurs chez les coureurs que chez les témoins
1 étude longitudinale n’a constaté aucune différence significative d’IVD avant et après l’entraînement pour le marathon chez les coureurs
1 étude longitudinale n’a constaté aucune différence significative d’IVD entre les coureurs et les témoins après 15 ans de suivi.
A la lecture de ces résultats, les auteurs de la méta-analyse sont arrivés à la conclusion que des modifications négatives de l’IVD persistaient pendant une courte période après la course, ce qui pourrait être dû à la compression temporaire qui expulse l’eau du disque. Cependant, les études transversales suggèrent que la course à pied à long terme exerce un léger effet positif sur l’IVD sans que cela soit confirmé par des études longitudinales de qualité.
En fait, comme le disait déjà le Docteur Stéphane Cascua il y a plus de 10 ans, si la réception au sol tasse les disques, la propulsion les décomprimerait. En créant des variations de pressions, la course à pied est à l’origine d’un véritable pompage intervertébral : le disque se réhydrate et se regonfle ! Les études épidémiologiques constatent qu’à un instant donné, 5 à 8% des joggeurs ont mal au dos contre 20 à 30% des autres individus.
Pour rappel, augmenter la cadence de course entraîne moins de contraintes sur la colonne vertébrale et réduit le risque de blessures et de troubles du dos chez les coureurs.
Jérôme Sordello
* Shu, Dai, Wang, Meng, Zhang, Zhao. Impact of Running Exercise on Intervertebral Disc: A Systematic Review. Sports Health. 2024
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