La nouvelle est tombée il y a peu : la kenyane Ruth Chepnegetich a été provisoirement suspendue après avoir été contrôlé positive.
C’est donc cette fois-ci la recordwoman du monde du marathon, performance réalisée en octobre 2024 à Chicago avec un chrono « historique », puisqu’il s’agissait du premier sous les 2h10 pour une femme : 2h09’56 !
Ce contrôle a été réalisé sur un échantillon prélevé le 14 mars. Il s’agit de l’hydrochlorothiazide, un diurétique, qui sert en général à cacher d’autres substances. Pour l’heure, elle encourt une suspension de seulement 2 ans. Et vu la date du record du monde, on ne peut pas savoir si ce dernier sera retiré ou pas.
Bien que Ruth Chepngetich ne soit pas méconnue dans le milieu (championne du monde de marathon en 2019, 3 fois vainqueur à Chicago, des podiums à Pari et Londres…) sa performance paraissait trop suspecte pour y croire. Même avec un record en 2h14’18 (2022), ce jour-là, elle avait retranché 4 min 22 à son propre temps, ce qui est monstrueux au plus haut niveau mondial. C’était aussi presque 2 min de mieux que les 2h11’53 de Assefa (2023).
Avec cette nouvelle, le discrédit tombe à nouveau sur l’ensemble des performances mondiales, notamment au Kenya où les ces positifs sont extrêment nombreux ces derniers temps. On se rappelle entre autre, en juin 2024, de la sanction infligée à Rhonex Kipruto, recordman du monde du 10 km (26’24 en 2020, sans carbone) : record du monde retiré et 6 an de suspension (EPO).
Comment croire aux performances hors normes ?
On peut constater que les records sont grapillés secondes par secondes, avec une certaine progressivité, même si quelques fois l’humain casse les codes, et qu’un Usain Bolt débarque et change la donne.
En course de fond, on admet un infléchissement des performances depuis l’avènement des modèles carbone (2017). Des performances sont réalisées presque à chaque course, y compris en demi-fond, surtout sur les 3 ou 4 dernières années. Il est assez simple de pointer les chaussures nouvelle génération du doigt.
Ces derniers temps, les connaissances en santé, sur la récupération, sur la nutrition, l’utilisation des glucides, les méthodes d’entraînement, tout cela impacte forcément sur les performances de manière globale.
Seulement ? Qu’en serait-il des progrès du dopage ? Quel impact les méthodes aux limites ténues avec le dopage ont-elles sur la performance ?
Jimmy Gressier poussait un coup de gueule sur les réseaux sociaux, disant qu’il voyait des performances ou des progressions anormales, mais qu’il ne pouvait les dénoncer pour ne pas être porté en diffamation. Après coup, par contre, il dénonce ces méfaits, tout en encourageant le travail des instances et en disant que lui pouvait se regarder dans une glace.
En décembre dernier, Mohammed Katir (Espagne) avait été suspendu 4 ans pour avoir falsifier des documents. Il avait notamment battu le record d’Europe du 5000 m et du 3000 m (indoor).
Que reste-t-il aux coureurs propres ?
Quel espoir reste-t-il aux coureurs propres qui tentent de s’aligner à haut niveau, sachant qu’il faut aussi de grosses performances pour être aligné sur les grands meetings, et continuer de progresser ?
Si le travail de lutte anti-dopage est avant tout une histoire de coût, il faut continuer la prévention mais aussi donner un coup de main tôt aux jeunes, et ne pas attendre qu’ils atteignent une performance (peut-être en trichant…) pour enfin leur apporter de l’aide.
Récemment, le record féminin du 5000 m piste a été battu en brisant la barrière des 14 min pour la première fois (13’58″6). Souhaitons ne pas avoir de mauvaises nouvelles dans quelques mois ! …
Par M.BERTOS / Photo : France TV Sport
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