Si toutes les surfaces de course ont fait l’objet de nombreuses recherches, il existe encore une controverse dans la littérature concernant les effets biomécaniques des différents types de surfaces de course sur l’interaction pied-sol.
Nous avons étudié la chose et voilà ce que nous pouvons écrire aujourd’hui.
Constat 1
A la lecture des premières recherches sur le sujet, il semblait que la force d’impact au niveau des articulations ne présentait pas de différences significatives, que la surface de course soit dure ou souple.
Une étude datant de 1986 (1) avait par exemple mesuré les forces de réaction du sol au niveau du pied et le choc transmis à travers le corps à la tête lors de la course sur différentes surfaces. Bien que des différences de force verticale et d’accélération aient été mesurées, elles semblaient être relativement faibles.
L’auteur de l’étude avait avancé qu’il était possible que le coureur soit inconsciemment capable d’ajuster la rigidité de sa jambe juste avant l’impact du talon en fonction de sa perception de la dureté de la surface.
Constat 2
Deux ans plus tard, une autre recherche (2) arrivait à la conclusion selon laquelle les coureurs ajustent la rigidité de leur jambe pour s’adapter aux changements de rigidité de surface, ce qui leur permet de maintenir des mécanismes de course similaires sur différentes surfaces.
Si cette idée selon laquelle le corps opérerait des ajustements en fonction de la surface de course reste néammoins largement débattue, plusieurs études plus récentes sont allées dans ce sens après avoir mesuré la rigidité des jambes sur des plates-formes expérimentales avec une rigidité réglable (3) ou bien encore après avoir étudié les changements du schéma d’activation des muscles inférieurs de la jambe lors de la course sur différentes surfaces de course naturelles (4).
Pour vous donner un exemple, la course sur asphalte a augmenté l’amplitude EMG moyenne du muscle tibial antérieur dans la phase de pré-activation et du muscle gastrocnémien medial dans toute la phase de contact par rapport à la course sur herbe de respectivement 0,222 ± 0,113 V à 0,276 ± 0,136 V et de 0,214 ± 0,084 V à 0,238 ± 0,088 V, respectivement.
L’EMG moyen du muscle court péronier latéral en phase de pré-activation est passé de 0,156 ± 0,026 V à 0,184 ± 0,455 V en courant sur herbe par rapport à la course sur gravier.
Selon ces études, courir sur différentes surfaces génèrent ainsi différents schémas d’activation des muscles de la jambe.
En résumé, le corps humain est une merveille d’adaptation.
Par Jérôme Sordello
Références :
1. Feehery Jr. The biomechanics of running on different surfaces. Clin Podiatr Med Surg. 1986
2. Ferris, Louie, Farley. Running in the real world: adjusting leg stiffness for different surfaces. Proc Biol Sci. 1998
3. Kerdok, Biewener, McMahon, Weyand, Herr. Energetics and mechanics of human running on surfaces of different stiffnesses. J Appl Physiol (1985). 2002
4. Dolenec, Štirn, StrojnikActivation Pattern of Lower Leg Muscles in Running on Asphalt, Gravel and Grass. Coll Antropol. 2015
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