La dernière fois que l’on avait entendu parlé d’Haile coureur c’était lors du marathon de Londres en avril où il avait mené le train en début de course. Depuis, il a eu une petite intervention au genou il y a quelques mois mais s’en est très bien remis.
Le dimanche 7 décembre, il a recouru un 10 km à Singapour, l’une des épreuves les plus populaires d’Asie, une région du monde (Sud Est) où il n’avait jamais couru. Il termine 3è du 10 km dans un temps de 30’00, qui s’explique par un climat peu propice aux performances. Ce matin là il faisait 25°C et 95% d’humidité. Le vainqueur Solomon Kipyego l’emporte en 29’47. Il y avait aussi un semi-marathon (gagné en 1h05’47) et un marathon (gagné en 2h16’42). A 41 ans désormais, et derrière lui la plus longue carrière internationale (23 ans), il se pourrait qu’il tente un dernier marathon avant de se retirer du circuit international et de poursuivre dans la politique.
Mettre une nouvelle fois les pieds sur ce continent était-il un hasard ? C’est bien là que sa carrière a réellement débuté en 1992 à Séoul en réalisant le doublé 5000m / 10 000m lors des championnats du Monde Junior. Depuis, il a obtenu deux titres olympiques, 8 titres mondiaux (plein air et indoor) et réalisé 27 records du monde, dont le 1er marathon en moins de 2h04 (2h03’59 à Berlin en 2008). Alors, décider ici de la fin de sa carrière est-il un symbole…?
» Je pense à courir un autre marathon », dit-il. « Je dois juste m’assurer que tout va bien avant. Pour le moment, je suis plus sur le business. Je ne m’entraîne pas tellement, pas si dur que ça. Bien sûr, je m’entraîne tous les jours, 2 fois la plupart du temps, mais souvent je suis très occupé et je saute la 2è séance. Je ne sais pas encore où (le marathon), mais peut être bien fin mai, ou fin septembre à Berlin, juste pour moi. Le problème c’est que tout le monde s’attend à ce que je sois devant, donc ce n’est pas si facile. Ils connaissent Haile Gebreselassie comme un favori, mais s’ils ne vous voient pas aux avant-postes…? »
Haile a toujours été quelqu’un de sage et de raisonné. Il sait qu’il doit d’abord se préparer mais avec le travail actuellement, c’est impossible. 1500 employés, une concession de voiture, une chaîne de cinémas, un complexe hôtelier, une plantation de café … Le temps est vite pris ! Pour l’instant, il court entre 30 min et 1h et utilise la salle de gym entre deux réunions.
Après sa carrière de sportif, il compte se lancer en politique, une idée qu’il a eu il y a 10 ans environ. Mais il reste lucide : » Vous savez, quand vous êtes sportif à succès tout le monde vous aime. Mais à partir du moment où vous vous lancez en politique, 50% des gens vous détestent. Mais je veux le faire. Ce n’est pas pour une ambition personnelle, je veux faire quelque chose pour mon pays. D’abord, je veux être parlementaire, après on verra… »
Mathieu BERTOS
(Propos d’Haile recueillis par Pat Butcher pour Globerunner / photo : Standard chartered Marathon Singapore 2014)
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