S’alimenter et s’hydrater correctement représentent un défi pour les ultramarathoniens de 24 h avec tous les effets indésirables (symptômes gastro-intestinaux [SGI] et hyponatrémie associée à l’exercice [HAE]) que cela peut induire.
Après un récent article regardant les comportements, les connaissances et les attitudes en matière de réhydratation chez les marathoniens, nous vous partageons aujourd’hui une analyse de l’apport alimentaire et hydrique chez les coureurs d’ultra-endurance d’élite.
Sujet de l’étude
Une étude* a analysé cet apport chez 12 athlètes d’élite (6 hommes et 6 femmes ; âge : 46 ± 7 ans, taille : 170 ± 9 cm, poids : 61,1 ± 9,6 kg, distance totale parcourue : 193-272 km) lors des Championnats du monde de 24 h de 2019 et l’a comparé aux recommandations nutritionnelles de la Société internationale de nutrition sportive (SINS) en 2019.
Les apports alimentaires et hydriques à volonté ont été enregistrés en temps réel, puis les apports en énergie, en macronutriments, en sodium et en caféine ont été calculés à l’aide d’un tableur dans lequel la composition nutritionnelle de chaque élément était préalablement enregistrée.
Les symptômes gastro-intestinaux (SGI), les marqueurs de déshydratation (modifications de la masse corporelle, osmolalité plasmatique et urinaire, et volume plasmatique ; échantillons prélevés 26 h avant et juste après la course) et l’hyponatrémie associée à l’exercice (HAE) (concentrations de sodium plasmatique et urinaire) ont également été évalués.
Au résultat, les apports hydriques, énergétiques et glucidiques des 11 finisseurs étaient respectivement de 16,4 ± 6,9 l, 8389 ± 3752 kcal et 1,49 ± 0,71 kg.
Les analyses individuelles ont montré que tous, sauf un (pour l’apport hydrique) ou deux (pour l’apport énergétique et glucidique), ont consommé plus que les recommandations minimales.
Bilan de l’étude
Le bilan énergétique calculé est toutefois resté largement négatif (-7050 ± 3848 kcal).
Cet apport anormalement élevé n’a pas été accompagné d’un SGI délétère (enregistré chez 75% des participants, mais seulement de manière transitoire (3 ± 0,9 h) ou d’ HAE (0%).
Les athlètes n’étaient pas déshydratés, comme le montrent l’absence de perte de masse corporelle significative (-0,92 ± 2,13%), les modifications de l’osmolalité plasmatique et l’augmentation du volume plasmatique (+19,5 ± 15,8%). La performance (distance parcourue) était positivement corrélée à l’apport énergétique et négativement à l’apport hydrique.
En conclusion, la quasi-totalité de ces ultramarathoniens d’élite de 24 heures ont globalement dépassé les recommandations nutritionnelles sans présenter d’effets indésirables significatifs ni les effets indésirables habituels.
Nous verrons dans un prochain article quelles sont ces recommandations.
Par Jérôme Sordello / Photo : Imazcreation
*Lavoué, Siracusa, Chalchat, Bourrilhon, Charlot. Correction to: Analysis of food and fluid intake in elite ultra-endurance runners during a 24-h world championship. J Int Soc Sports Nutr. 2021

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