Si toutes les surfaces de course ont fait l’objet de nombreuses recherches, il existe encore une controverse dans la littérature concernant les effets biomécaniques des différents types de surfaces de course sur l’interaction pied-sol.
Nous avons vu dans un précédent article comment courir sur différentes surfaces génèraient différents schémas d’activation des muscles de la jambe prouvant que le corps humain était une merveille d’adaptation.
Voyons aujourd’hui ce qui différencie la route des chemins.
Route versus chemins : l’éternelle opposition
Surfaces de course classique et les plus rencontrées par les coureurs, l’asphalte et le béton ont des propriétés plutôt rigide et stable comparées aux chemins qui proposent une surface plus souple et moins stable. Ces dernières années, la course sur sentier ou trail a gagné en popularité. Si une partie de cette tendance est dû au besoin de se retrouver dans la nature, la croyance selon laquelle les propriétés de surface plus molles favorisent l’atténuation des chocs y est pour beaucoup.
Cela est vrai, mais qu’en partie. Une étude (1) a notamment proposé à 35 coureurs de différents niveaux d’expérience de courir sur trois surfaces différentes (béton, piste de course synthétique et piste de copeaux de bois) à deux vitesses de course différentes : une vitesse confortable librement choisie et une vitesse fixe de 11 km/h. Il s’est avéré que l’accélération verticale de la partie inférieure de la jambe était nettement plus faible pendant la course sur la piste de copeaux de bois par rapport à la piste de course synthétique et au béton. Les auteurs de l’étude ont suggéré que courir sur un sentier de copeaux de bois pourrait ainsi réduire le risque de blessure au tibia.
Par la suite, une étude (2) menée auprès de 15 coureurs récréatifs qui ont couru sur de la terre, du gravier et des surfaces pavées dans un environnement de sentier n’a montré aucune différence significative pour les accélérations tibiales ou les atténuations des chocs entre les types de surface. Les auteurs de l’étude ont conclu cette fois-ci que les surfaces des sentiers ne semblaient pas réduire les forces de charge associées aux blessures liées à la course.
Qui plus est, la course sur sentier et plus précisément sur terrain instable nécessite des ajustements biomécaniques (3) demandant plus d’énergie et une plus grande activation des stabilisateurs de cheville (4). Que le trail préserve le corps par rapport à la route, ce n’est donc pas si évident !
Jérôme Sordello
Références :
1. Boey, Aeles, Schütte, Vanwanseele. The effect of three surface conditions, speed and running experience on vertical acceleration of the tibia during running. Sports Biomech. 2017
2. Garcia, Gust, Bazett-Jones. Tibial acceleration and shock attenuation while running over different surfaces in a trail environment. J Sci Med Sport. 2021
3. Schrøder Jakobsen, Madeleine, Pavailler, Lefebvre, Giandolini. The effects of unstable surface conditions on lower limb biomechanical parameters during running. J Biomech. 2022
4. Bettega, Bortolan, Stella, Tarperi, Schena, Pellegrini, Zoppirolli. Energetic and neuromuscular impact of running on even or uneven surfaces in standardized laboratory conditions. J Electromyogr Kinesiol. 2025
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